Il était une fois… sur Amazon, la livraison des livres était gratuite…
Mine de rien, il y avait là un facteur de démocratie très fort puisque les petits éditeurs comme nous, qui ne disposons pas des réseaux de distribution aguerris ni des accointances avec les presses, pouvions si ce n’est nous battre à armes égales contre les vieilles maisons d’édition, du moins ne pas partir avec un handicap certain. Amazon et KDP, toutes critiques qu’on pourrait leur faire par ailleurs, étaient dans ce sens un organe d’égalité et de démocratie actif et bienfaiteur.
Mais c’était à une autre époque, dans une autre contrée lointaine…
Car, malheureusement, le lobby des vieux éditeurs en dur a œuvré pendant des années pour mettre fin à cette équité et tenter de reprendre la main, l’ascendant, le monopole, sur l’écriture livresque. Et ils y sont parvenus. En effet, la loi Darcos du 30 décembre 2021 met fin à cet état démocratique qui donnait sa chance à tout un chacun, qui permettait à toute personne de s’exprimer par le livre sans être choisie ni passer par les réseaux restreints des maisons ayant pignon sur rue. Qui permettait aussi à de petits éditeurs comme nous de produire leurs ouvrages exigeants et nécessaires, précurseurs même pour certains.
Cette loi, injuste démocratiquement, s’applique depuis le 7 octobre 2023. Et nous en avons senti immédiatement les effets…
Mais ce que le législateur n’a pas mesuré dans ses visées souvent courtes, ce sont les effets réels qu’aura cette décision. Alors que l’objectif de cette loi dissimule la volonté de mettre à mal les nouveaux réseaux de distribution en ligne tels que la Fnac ou Amazon (surtout Amazon…), nous prenons le pari que son effet réel sur le marché sera tout autre, voire même contraire.
Car passé le choc de l’entrée en vigueur, la lectrice et le lecteur, à qui on n’impose pas si facilement ses habitudes, en prendra son parti et s’organisera en conséquence. Au lieu d’être libre d’acheter ses lectures quand bon lui semble, il ou elle rassemblera ses achats de livres en une fois et même, pour deux livres qu’il ou elle voulait s’offrir, en achètera peut-être un troisième pour dépasser les 35 € fatidiques (somme au-dessus de laquelle la livraison redevient gratuite).
C’est ainsi que cette loi censée faire chuter les ventes de livres en ligne, censée contraindre la lectrice et le lecteur à se déplacer en librairie et n’accéder qu’au choix restreint des vieilles maisons d’édition et aux goûts de son libraire, entrainera au contraire une hausse des achats d’ouvrages sur le web. Pour le bonheur de tous, lectrice, lecteur et petits éditeurs online.
Et c’est ainsi que KDP et Icare continuèrent de vivre heureux et eurent encore de nombreux enfants de papier ! 😃